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MARIE-DIDACE

battus, sur le perron de l’église, le matin du jour de l’an — je m’appelle Provençal, je m’appelle Beauchemin. Ça ne s’oublie pas.

Sûrement Didace avait eu une heure malheureuse quand il avait accepté le Survenant, ce chef-d’œuvreux, dans la maison. Rien de bon n’en avait résulté pour la paroisse. Une si belle paroisse que les anciens avaient bâtie avec tant de cœur. Si l’on veut la garder ainsi entre soi, il ne faut pas laisser l’étranger y pénétrer et en faire une risée. Autrement on la voue à sa perte.

Mais plaindre Didace serait le ranger avec les vieux jars, les caducs, ceux que le volier abandonne à leur sort, en route.

Pierre-Côme toussota, puis il toussa à sa force. On eût dit qu’il allait s’arracher le gosier. Les six verres cliquetèrent autour de la carafe sur le buffet. Puis il renâcla et, marchant droit au poêle, il en souleva un rond pour cracher.

Au bruit qu’il faisait Phonsine geignit. Scandalisées d’un pareil vacarme, dans une maison où il y avait de la maladie grave, les femmes, qui se relevaient pour prendre soin de la jeune mère et de l’enfant que l’une d’elles tenait enroulée dans de l’ouate à l’entrée du fourneau lui firent signe de baisser le ton. Mais lui, tout à son idée, éclata quand même :