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MARIE-DIDACE

terrassé Amable qui s’était fait embaucher comme débardeur. Le crâne fracturé, il gisait, entre la vie et la mort, sur un lit d’hôpital.

— Je veux savoir la vérité : il est pas mort toujours ?

— Pas encore.

Didace retrouva assez de force pour marcher seul jusqu’à la maison. La tête basse, un instant plus tard, il s’abandonna :

— Qui aurait cru qu’un jour Amable partirait !

— Ben quiens ! répliqua Pierre-Côme, silencieux jusque là, c’est toujours sur les couteaux qui coupent pas qu’on se donne une entaille. Les autres, on s’en méfie.

— Ah ! vous savez, je l’ai provoqué. J’aurais dû m’en douter : on provoque pas un Beauchemin. Il était plus Beauchemin que je pensais.

L’un après l’autre, l’abbé Lebrun et Pierre-Côme se levèrent. Quand Didace les vit prêts à partir, debout à son tour et la voix éraillée de chagrin, il demanda bas à Pierre-Côme, afin que Phonsine n’entendît point :

— Gros-gras, tu le sais, c’est ton vieux père et ta propre mère qui m’ont conduit au baptême. Demain, il va falloir faire baptiser la petite. Moi, j’y serai pas. Je prendrai le premier train pour Montréal. Veux-tu être dans les honneurs, à ma place ?