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MARIE-DIDACE

de pénibles manœuvres, elle commença par appuyer sur la table, dans leur pleine grandeur, ses mains courtes et fortes. Après, elle imprima à son corps une large inclination à droite, et ensuite à gauche. Et, d’un dernier effort, tranquillement, elle se dressa dans toute sa personne imposante de vigueur et de sérénité. Tout en tapotant, pour la défroisser, sa robe de cotonnade mauve à fleurettes plus pâles, elle alla, balancée par le même roulis, soulever le couvercle de la bouilloire, puis retourna à sa chaise. Sans raison elle se mit à rire, sa main où luisait l’anneau neuf repoussant sans cesse les frisons blondasses sur son front en sueur.

— On gèle pas dans la cambuse, dit-elle. J’ai allumé : une attisée ça tempère la maison. Pendant que le poêle prenait, j’en ai profité pour délayer des crêpes. Je vous dis, le père Didace en mangeait une ventrée. Il s’est régalé, mon vieux.

Penchée, tout en parlant, elle se grattait lentement la jambe, près de la cheville, à travers son bas noir. Par l’échancrure à sa gorge au delà du triangle de chair nue que le soleil avait rosie et tavelée de taches de sons, sa peau se révéla d’une blancheur fascinante.

Vert de rage, Amable sortit, sans fermer la porte derrière lui. Phonsine ne tenta pas de le retenir. Z’Yeux-ronds, jusque là piteux sous le poêle, rampa,