Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— 15 —



Pour la troisième fois, Laure Provençal se pencha au-dessus de Phonsine :

— C’est une fille… Phonsine. Tu veux pas la regarder ?

Plus blanche que l’anémone, Phonsine gisait, inanimée, au creux de l’oreiller.

— Une belle petite fille… pas infirme !…

Elle leva l’index sur sa bouche pour demander aux femmes d’être complices :

— … et qui a bonne envie de vivre.

Dans la cuisine, le médecin, en train de se restaurer, expliquait au père Didace, tout en reprenant des pommes de terre fumantes et une tranche de lard entregelé :

— Non, voyez-vous, monsieur Beauchemin, l’enfant n’est pas à terme. Même si elle était née, il y a quelques semaines, elle aurait eu plus de chance de vivre. Mais une enfant à huit mois, c’est un cœur bleu.

Didace eut un mouvement de recul.