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MARIE-DIDACE

elle voulut s’asseoir dans son lit. Une douleur violente aux reins la força à se recoucher. La douleur s’éloigna, comme la vague se retire, et Phonsine put s’assoupir. Mais une heure plus tard, de nouveau le mal l’éveilla portant au ventre, cette fois.

— J’aurais pas dû tant marcher, se reprocha la jeune femme. Ni rester si longtemps sans manger.

Et elle pensa, affolée :

— J’ai attrapé la colique cordée.

Elle prit peur. On lui avait parlé de personnes ainsi affligées qu’on avait dû retourner bout pour bout, afin de leur dénouer l’intestin.

De ses mains étendues, elle se massa le ventre avec précaution, en geignant tout bas : Mon pauvre corps… mon pauvre corps…

Si le jour pouvait seulement arriver. À la clarté du jour, on endure mieux son mal. Puis, elle demanderait qu’on lui envoyât chercher un emplâtre de la sœur Agnès.

Au troisième éveil, la même poussée douloureuse l’envahit avec plus de vigueur, comme une marée montante. Soudain Phonsine comprit : Les premières tranchées.

Elle allait avoir son enfant. Et Amable n’était pas là. Mais il n’y avait plus que l’enfant. Rien que l’enfant. Marie-Amanda avait déjà dit devant elle : « À un premier, c’est toujours long. Il faut prendre