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MARIE-DIDACE

en temps permis par la loi, puis quelques piastres pour payer l’amende au besoin. C’est pas personne qui m’empêchera de chasser, ni Amable, ni Pierre-Côme. Puis je voudrais m’apporter une collation quand je couche à l’affût. J’ai-ti le droit ?

— Assurément, vous pouvez faire toutes les réserves nécessaires. Quant à votre vieille, en auriez-vous quelques-unes pour elle ? Du tabac à priser, par exemple ?

— La mienne prise pas.

— Des bonbons ? Les vieilles aiment ça avoir quelques douceurs à elles.

— Correct. Mettez-y une livre de mélange — des surettes, des papparmanes fortes, comme elle aimera — tous les premiers vendredis du mois.

Le notaire se leva.

— Pendant que vous irez chercher vos témoins, je vais dresser l’acte. J’ai tous vos titres ici.

Saisi de surprise, Didace serra sa ceinture de laine davantage :

— Aïe, notaire ! Vous y pensez pas ? Une terre à donner, c’est pas une dent qu’on s’arrache après la porte de cave.

Au moment de le céder, le bien des Beauchemin se rattachait à lui par des fibres tenaces, innombrables.