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MARIE-DIDACE

bien, mais aucun ne voulait de la mère, usée plus de misère que d’âge.

— Qui saurait ? dit la vieille sur le même ton.

Les deux qui avaient parlé ainsi sortirent de la maison. Aussitôt la vieille s’approcha du troisième qui n’avait pas encore ouvert la bouche.

— Prends-moi avè toi, tu seras regagnant, lui dit-elle. Je vivrai pas vieille, tu sais. Je te le promets.

— Il y a ben du sort là-dedans, s’indigna le père Didace. L’un est ivrogne, l’autre sans-cœur, et paresseux, le troisième est ivrogne, puis sans-cœur, puis paresseux et c’est avec celui-là qu’elle veut s’en aller vivre. Y aura-t-il jamais moyen de comprendre une créature ?

Après le départ de la Petite Pipe avec ses trois fils, Didace passa dans l’étude. Sans une parole il prit place en face du notaire qu’il laissa parler le premier, comme s’il ne devait l’aider en rien.

— Venez-vous me voir pour votre testament, comme il en avait été question l’autre fois ?

— Oui puis non.

— Enfin, monsieur Beauchemin, vous avez tout de même affaire à moi ?

Didace se décida à parler :

— Je voudrais me faire dresser un plan de donaison. Vous allez me défricher ça, clair, net, sur le papier, sans rien oublier.