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MARIE-DIDACE

blant de rien, pour lui dire que j’ai passé chez le notaire.

— Advenant que je sois pas rendue à deux heures, dit seulement Phonsine, la voix basse, il faudra pas m’attendre : ça sera signe que j’aurai trouvé une occasion.

* * *

On entrait sans frapper chez le notaire. Le moindre entrebâillement de la porte déclenchait une sonnette. Une odeur de volaille cuite dans son jus accueillit Didace qui se trouva, du fait, encore moins dispos. « Il se prive pas, le notaire : de la volaille, le jeudi ; du pur gaspillage. »

Le notaire tenait bureau à toute heure du jour. À l’occasion, il se levait la nuit, sans hésiter, pour aller rédiger un acte urgent. Parfois il devait traverser le fleuve, au mauvais temps. Souvent, on lui acquittait ses charges en nature. Selon les moyens ou la générosité du client, il acceptait volontiers un porcelet, un quartier de veau, une échelle, une partie d’attelage, un cordon de bois, ou encore quelque volaille, tel que le jour même.

Didace s’en souvint. Des voix, par éclats, parvenaient de la pièce voisine. Il crut reconnaître le ton de Pierre-Côme Provençal et il s’empourpra à la pensée que le Gros-Gras pût encore agrandir son