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MARIE-DIDACE

— Sainte bénite, c’est sûrement un petit chat qu’elle aura. Elle est grosse comme rien. Moi, à mon premier…

À les entendre, une ne marchait pas, elle roulait. Une autre avançait à l’aide de deux chaises. Une troisième se pencha vers la voisine pour lui dire un secret à l’oreille.

— En tout cas, Phonsine est pas belle comme elle est là, dit l’Acayenne.

Laure Provençal se redressa :

— P’t’être ben à c’t’heure. Mais vous auriez dû la voir fille. Il y avait pas plus beau dans tout le canton : les yeux bleu-de-vaisselle et des joues rouges à en saigner.

— Vous m’en direz tant ! Je me la figurais une grande élinguée, les yeux morts…

— Vous voulez dire comme moi ? demanda la mère Salvail.

Elle haussa les épaules :

— Elle est là qui me regarde. N’empêche que quand j’étais fille, j’étais assez rougeaude que j’en avais honte. Les cavaliers se suivaient en filée à la porte pour me demander la faveur de la veillée. Un dimanche…

— Tellement, interrompit la grande Laure, que son vieux père parlait de la faire crier, à la sortie