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MARIE-DIDACE

D’indignation, Phonsine se raidit le dos. La vue rivée au rectangle plus clair que dessinait la fenêtre, mais préoccupée uniquement de ce qui se passait en elle, elle ne vit pas l’aube, brune comme la bure, s’enrouler autour du ciel velouté. Elle n’entendit point le soyeux battement d’ailes d’une migration de sarcelles. Après, ses yeux se fermèrent.

* * *

Il faisait grand jour quand Phonsine s’éveilla. Un chien jappait près de la maison. D’abord, elle pensa qu’elle rêvait. Mais une odeur de fraîche friture et de crêpes au lard, une odeur chaude s’insinuait par les fentes de la porte de chambre.

— C’est Z’Yeux-ronds que j’entends !

Quelque chose flamba en elle. Le feu courait, courait. La flamme, haute et joyeuse, monta jusqu’à sa gorge :

— Le Survenant est revenu !

Déjà debout, Amable, silencieux, une mèche de cheveux entre les yeux chaussait ses bottes.

— T’as compris, Amable ? Le Survenant est revenu.

— Ben, à t’entendre, on dirait que t’en es fière !

La flamme s’éteignit dans la voix de Phonsine :