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MARIE-DIDACE

— Mon doux, que tu me fais peur !

— J’ai pas rêvé ça ? Amable a ben dit que sa femme est en famille ?

Un léger mouvement de recul, pour toute réponse, lui fit comprendre qu’elle avait entendu. L’œil méfiant, il insista :

— Tu t’en doutais pas, toi, qu’elle était grosse ?

— Elle me l’a jamais dit.

Mais se voyant prise au piège, elle se mit sur ses gardes, prête à attaquer :

— C’était à elle de le dire.

Légèrement, elle ajouta :

— Faute de parler, on meurt sans confession.

— Même sans le dire, entre créatures qui vivent côte à côte dans la même maison, ces choses-là se devinent, sans qu’il soit besoin d’en parler, il me semble ?

Au lieu de répondre, l’Acayenne regarda dans le vide. Impatienté, Didace continua :

— Comment ça se fait que tu m’en aies rien dit ? Regarde-moi dans les yeux. As-tu peur d’envisager le monde en face ? As-tu de quoi à cacher ? Arrête-les de bouger, tes yeux couleur d’eau. Calme-les un petit brin.

— C’est les mêmes que j’avais avant qu’on se marie.

À deux ou trois reprises, les paupières de l’Aca-