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MARIE-DIDACE

— Quoi c’est que tu furettes là ? lui demanda Didace.

Dans le fond du tiroir étroit on rangeait les papiers importants ; au bord, les livres de prière et les images. Quand quelqu’un y avait à faire, il ne le tirait toujours qu’à demi. Seul Didace, en tant que chef de famille, usait du droit de l’ouvrir en entier. Phonsine pensa que l’Acayenne devait en avoir inspecté le contenu.

— Je furette pas, répondit l’Acayenne. Je cherche l’almanach. Je le trouve pas nulle part.

— Pourquoi faire, l’almanach ? demanda Phonsine.

— Quiens, pour connaître le temps.

— On n’n’a pas.

— Une maison pas d’almanach, j’ai pas encore vu ça, s’étonna l’Acayenne. C’est plus que rare :

Piqué, le père Didace ne perdit pas de temps :

— Pour le monde ignorant, p’t’être ben, mais pas pour nous autres qu’on lit le temps dans le firmament comme sur la paume de notre main.

Alphonsine aurait voulu courir au père Didace et l’embrasser.

Mais l’Acayenne ne désarmait pas :

— C’est pas un mystère à prédire : neige… neige… puis neige tout le temps. Par chez nous, il tombera ben quelques brins de neige, mais jamais de même.