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MARIE-DIDACE

On ne parvenait pas à réchauffer les maisons. Bien qu’on eût calfeutré de tapis le seuil des portes, un air froid courait sur le plancher ; il pénétrait les murs.

Le premier soir, les Beauchemin se couchèrent tôt, mais à tout moment, la plainte des liards autour de la maison ou l’éclatement de clous leur faisaient ouvrir les yeux. À peine endormie, l’Acayenne s’éveilla en criant :

— Le bourgot ! le bourgot !

Didace la poussa :

— T’as le pesant ! Réveille-toi !

— Le bourgot qui appelle !

— Voyons donc ! Tu rêves ! C’est le vent qui rafale dans la cheminée.

L’Acayenne tâta le drap de laine, la courtepointe rude, la main velue du père Didace.

— Ah ! dit-elle, frissonnante et mal éveillée, je me pensais encore par chez nous.

Elle bâilla :

— À c’t’heure que tu m’as réveillée, je pourrai p’us me rendormir. Va falloir que tu me parles…

Furieux qu’elle usât ainsi de détours envers lui et surtout qu’elle eût sans cesse l’esprit à ses Cayens, le père Didace se mit à crier à toute voix :

— J’étais-ti pour te laisser réveiller toute la pa-