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MARIE-DIDACE

parla même de retourner au Pot-au-Beurre avant la fin de la noce. Il fallut l’intervention de Pierre-Côme pour la décider à rester.

Puis, les enfants avaient repris leur naturel. Ils faisaient de leur pire. Échevelés, leurs habits froissés et tachés, quand ils ne se chamaillaient pas, ils glissaient à califourchon sur la rampe de l’escalier. Ou encore ils sortaient et rentraient du dehors, secouant sur les invités leurs mitaines mouillées de neige. Dans un coin, un innocent s’acharnait depuis le matin à jouer mollement de la guimbarde, comme à la corvée. On riait encore, mais sans gaieté, par accoutumance.

Les jeunes délaissaient la danse pour les jeux de société. Après la chaise honteuse et le clin d’œil, ils jouaient à échanger des « papparmannes d’amour », pastilles blanches à la graine de thé, sur lesquelles était tracée en sucre rouge une question ou une réponse, telle que : « Voulez-vous m’accorder un baiser ? » « Allez le demander à mon confesseur. » « Si maman vous entendait ! » Odilon, qui courtisait Bernadette Salvail, y prenait un plaisir fou. Angélina observait le couple. Elle regrettait les instants de bonheur avec le Survenant, que Bernadette lui avait dérobés. Une main sur son épaule la fit tressauter ; le père Didace s’était approché d’elle.