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MARIE-DIDACE

— Pour boire, mon jeune : à Maska, plus on boit, moins on est chaud. Mais pas pour manger !

— En tout cas, si vous voulez savoir ce qui rentre dedans, allez le demander à la grosse femme qui se berce à côté du poêle. Apparence que c’est elle qui a préparé la mangeaille.

Le vieux loucha :

— Pas la belle créature, avec le corps de robe comme doré sur tranche, qui trône dans la chaise berçante ?

Phonsine qui, malgré une migraine, servait les autres à table, entendit. « C’est ben vrai, se dit-elle : elle trouve le tour de trôner partout. Elle a pas assez d’être belle femme, de jouir d’une bonne santé, il faut encore que les hommes vantent son ordinaire. L’eau qui s’en va à la rivière… »

Les convives de la première tablée firent un tel éloge du six-pâtes qu’ils s’en trouvèrent le plus punis : ils ne purent en reprendre une deuxième fois, chacun des autres qui n’étaient pas à table en réclamant sa part. L’Acayenne dut en expliquer la recette : « Vous prenez, dit-elle, une volaille de bonne grosseur, puis un lièvre d’une grosseur… raisonnable que vous coupez par bons morceaux. Après, vous hachez une brique de lard de la grosseur du poing que vous faites revenir dans la poê-