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MARIE-DIDACE

des bons, des méchants, des taupins, des pleins de détours et d’autres qui étaient foin à lier. J’aimais à rire. Il y a du monde, quel temps qu’il fait, qui gardent toujours leur grand visage, même sans le moindrement de chagrin. Moi j’aime à rire. Ça me commande. Je riais souvent, en portant mon chagrin que je cachais. Quand les hommes m’entendaient rire, l’un après l’autre ils venaient me trouver, chacun avec une bonne raison. Un, c’était pour se faire recoudre son butin, un autre, pour se plaindre, un autre avait besoin de se faire reconsoler. Ben j’en ai jamais redouté un seul, parce que je me redoutais pas. »

L’Acayenne qui achevait son six-pâtes y plaça le dernier rang de pâte.

« Le petit gâs était pas vieux quand il a commencé à réchapper sa vie. Il aurait voulu gagner la mienne. J’ai jamais consenti. J’ai continué à naviguer tant que j’ai pu. Le fait d’être sur l’eau, on aurait dit que je me sentais moins seule et comme un peu plus proche de mon Varieur. »

« Après encore, il y a eu le naufrage de la « Mouche à Feu » sur le lac Saint-Pierre. Puis j’ai connu le Survenant. Puis le père Didace. C’est de même. »

L’Acayenne baissa la voix : « Sur la terre ferme,