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MARIE-DIDACE

poêle, à tirer des beignes. Rouge de colère, l’Acayenne demanda :

— Quoi c’est que vous trouvez de si drôle ? Parce que je parle de mon Varieur ?

Geneviève Provençal essuya une larme. Elle n’en pouvait plus.

— Non, non, fit-elle. C’est pas à cause de ça.

Elle fit signe à Bernadette Salvail. Les deux jeunes filles poussèrent la table.

Encore essoufflée, l’Acayenne s’appuya à la commode :

— Puis c’est pas la première fois que je vous vois rire. Ça fait longtemps que je veux vous tirer votre horoscope. J’vas en profiter. Vous êtes toute une bande de peureuses, de la première jusqu’à la dernière.

— Voyons, l’Acayenne. Modérez vos transports, protesta Laure Provençal.

— Vous, comme les autres. Vous avez peur d’entendre la vérité. Quand on veut vous la dire, vous vous sauvez.

La mère Salvail, qui se levait pour partir, se rassit à côté du poêle, près du plat qu’Angélina remplissait de beignes.

— … ou ben vous vous bouchez les oreilles, comme vous fermez les contrevents de vos maisons, l’été, pour empêcher le soleil d’entrer.