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MARIE-DIDACE

Mais aussitôt, Laure Provençal se mordit les lèvres. Puis se penchant du côté de la mère Salvail :

— Coûte donc, le Varieur, à c’t’heure, c’est presquement de leur parenté, aux Beauchemin. Le père Didace a autant d’acquêt de le garder à coucher.

Didace, devinant les paroles de moquerie, coupa net au murmure des voix et aux rires.

— Le Survenant s’est jamais donné pour ce qu’il était pas. Ceux qui l’ont pris autrement et qui se sont fait des chimères avec lui, c’est qu’ils l’ont ben voulu. On n’a pas à y voir ! Quant à Angélina, la pauvre fille, c’est ben de valeur qu’elle se soye amourachée de lui et elle a toute ma compassion, parce que lui, il avait qu’une blonde…

De son gros poing, Didace dessina dans le vide un grand rond qui signifiait la route, le vaste monde…

— Quoi c’est que vous faites de celle-citte ? demanda Amable, la tête renversée, en faisant mine de tenir par le goulot une bouteille qu’il vidait dans sa bouche.

— Pauvre Angélina ! dit Phonsine, les larmes aux yeux. Elle l’aimait donc, le Survenant ! Elle l’aimait assez, c’est ben simple, pour lui demander pardon des affronts qu’il lui faisait à elle.

L’Acayenne murmura, en souriant :