revinrent à la suite. Toute une filée de traîneaux s’égrenaient sur la route, dans la nuit bleue argentant le hameau. David Desmarais et Angélina acceptèrent l’invitation de réveillonner chez les Beauchemin. Angélina n’avait jamais connu de plus heureux Noël. « Quel beau Noël ! » ne cessait-elle de dire en son cœur où une joie dévotieuse se confondait avec l’image du Survenant.
À leur arrivée dans la maison, Venant dormait sur sa chaise. Il sursauta en même temps que Z’Yeux-ronds et tout d’un bond il fut debout. Une fois la mèche de la lampe levée, une exclamation jaillit de la bouche d’Alphonsine :
— Où c’est que vous avez péché ce fauteuil-là, dans le monde ?
Le fauteuil que venait de quitter Venant, un véritable fauteuil voltaire, aux pattes moulurées et au dos incurvé comme pour mouler le corps, avec les défauts qui dénotent la main de l’artisan, trônait près du poêle.
Encore endormi Venant dit en bâillant :
— Pas rien que le père Didace et Amable qui auront leur chaise dans la maison. Moi aussi j’aurai la mienne à c’t’heure.
On parla de la messe de minuit, du beau chant, de la crèche, mais comme d’eux-mêmes les propos revenaient sans cesse au fauteuil. Chacun voulut