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LE SURVENANT

Incapable de se taire, le Survenant demanda encore :

— Avez-vous déjà mangé des fèves au lard avec une perdrix ou deux au milieu du pot ? Ça goût d’amande. Y a rien de meilleur. Ça ramènerait un mort.

Didace l’arrêta :

— Aïe ! La perdrix vaut rien en tout. Parle-moi du canard noir : au moins la chair est franche et la volaille d’eau repose l’estomac. Mais de la perdrix ? Pouah !

— En avez-vous déjà mangé d’abord ?

— C’t’histoire ! Un chasseur nous en a laissé une couple, il y a quelque temps. Phonsine les a envoyées dans le chaudron à soupe pour leur faire jeter un bouillon. C’était méchant, le yâble !

Le Survenant arrêta de manger pour regarder Alphonsine.

— De la soupe à la perdrix ! Là vous avez commis un vrai péché, la petite mère, de gaspiller du bon manger de même ! La perdrix, on la mange aux choux avec des épices et des graines de Manille, mais jamais en soupe. Ou encore, comme je l’ai mangée en Abitibi. Le couque prenait une perdrix toute ronde, moins les plumats. Il la couvrait de glaise et la mettait à cuire de même dans les cendres vives, sous terre. Quand elle est à point, il se forme