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LE SURVENANT

— Varieur, le nom n’en est sûrement pas un de la paroisse. Ni même de la région ?

— Ah ! non, elle vient d’une paroisse d’en bas de Québec, assez difficile à prononcer. Le nom de la place est écrit sur un papier. Je l’ai sur moi, si vous aimez à le voir. La femme est Acayenne. Elle était cuisinière à bord d’une barge, vous savez « La Mouche » qui a pris en feu l’été passé ? Ah ! L’Acayenne a ben failli périr. Elle a dû se pendre après un câble, dans le vide, au-dessus de l’eau, pendant une grosse heure. Elle en a fait une vraie maladie. Ils ont pensé qu’elle passerait. Elle a eu le prêtre. Depuis ce temps-là, elle tient maison à Sorel.

— Quel âge a-t-elle ?

— Elle frise la quarantaine tout juste.

— Ne pensez-vous pas qu’elle est un peu jeune pour vous ?

— Mais, monsieur le curé, je voudrais élever encore une couple de garçons, s’il y a moyen.

Le curé de Sainte-Anne hocha la tête. Il se renversa dans son fauteuil à bascule pour mieux regarder le père Didace dans les yeux :

— Faites donc une chose, monsieur Beauchemin. Ne vous pressez pas de prendre une décision. Attendez. J’écrirai au curé de la paroisse d’où elle vient. Si la personne est digne de devenir votre épouse et de succéder à votre chère défunte, je serai le pre-