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LE SURVENANT

avec une foule de nouvelles à raconter, à en plus finir. Tu sais s’il parle ben ! Peut-être ben aussi qu’il est parti visiter sa famille pendant quelque temps ? D’après-moi, c’est le garçon de quelque gros habitant. Il en sait trop long… sur la terre.

Alphonsine demanda :

— Je sais pas s’il avait eu une femme qui aurait su le prendre…

— Ah ! interrompit Amable, un homme qui a une passion, c’est comme des glaires, ça se prend pas.

— Que je vous l’aurais donc dompté, quand il était petit, si j’avais été sa mère ! s’exclama Alphonsine.

Le père Didace, étonné d’entendre la bru parler ainsi, se retourna tout d’un pain, pour mieux la regarder. Alphonsine rougit. Non, le beau-père ne se doutait pas qu’elle attendait un enfant. Autrement il n’aurait pas pour elle un regard aussi strict.

Angélina ne voulut pas en entendre davantage. Didace sortit après elle. Marie-Amanda chercha à l’en empêcher :

— Laissez-la aller seule, mon père. Faut que la peine fasse son œuvre.

Marie-Amanda et Alphonsine s’assirent, songeuses, auprès du poêle. Amable, le premier, rompit le silence. Il dit légèrement :

— Ah ! elle s’en sentira plus le soir de ses noces.