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LE SURVENANT

acquittée en entier. Les grandes récoltes sont terminées, les labours d’automne avancés et, comme dirait le père Beauchemin, la terre commence à être déguenillée. Pauvre vieux Beauchemin ! Il s’entendait bien avec lui. Mais le père Didace se consolera avec l’Acayenne. Ses petites dettes aux autres du Chenal du Moine ? Ah ! neveurmagne !

À son sens il n’a été tout le temps qu’un passant au Chenal du Moine. Ce sont les autres qui se sont mépris sur la durée de sa présence dans la maison et qui ont ainsi contrecarré sa routine.

Mais il y a Angélina. Va-t-il se laisser attacher au Chenal du Moine par une créature, comme le premier Beauchemin, jusqu’à la fin de ses jours ? Angélina est riche. Elle a sa maison, ses fleurs, son père. Elle finira par épouser Odilon Provençal. Toutefois un sourd regret le pinça au cœur.

S’il restait ? Il en est encore temps.

S’il reste, c’est la maison, la sécurité, l’économie en tout et partout, la petite terre de vingt-sept arpents, neuf perches, et le souci constant des gros sous :

— (C’est-il gratis ?)

Puis la contrainte et les questions :

— (T’as encore fêté ?)

L’étouffement, l’enlisement :

— (Quoi c’est que Pierre-Côme Provençal va penser ?)