Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
LE SURVENANT

détruire la réputation du « champion de la France », mais, bien pis, d’accaparer toute la recette de la journée.

Dans cette nouvelle accolade, Venant prévint l’Étrangleur :

— Fais attention, je vas me revenger.

— Revanche-toi.

— Varge dessus !

— Gêne-toi pas !

Les exhortations volaient de partout en même temps que de gros casques lancés en l’air et des tapotements de pieds sur le sol. Cinq minutes. Puis six. Le Survenant restait debout. Un peu ébranlé, mais les épaules toujours loin du matelas, au bout de dix minutes, il demanda l’arrêt du combat. On l’applaudit à s’en déboîter l’épaule, même ceux qui auparavant ne le connaissaient pas de vue : Hourrah pour le Survenant !

Comment c’est que tu le nommes ? demanda l’un d’eux à Joinville Provençal.

— Le Venant à Beauchemin, du Chenal du Moine.

Amable entendit mais ne protesta pas.

L’ancien tenait toujours à son temps :

— Boucher Levert, lui…

Personne ne l’écouta.

Encore étourdi le Survenant saignait du nez et il avait le visage rayé d’écorchures. Mais il se secoua