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LE SURVENANT

— Survenant, dis-moi comment c’est que t’es venu à t’arrêter au Chenal ?

Aussi brusquement le Survenant se remet à percher, debout au grand soleil. Sonde-t-il dans toute sa profondeur l’amitié du père Didace ? Soudain, il consent à un aveu, en éclatant de rire :

— Ben… je finissais de naviguer… J’avais bu mon été… puis l’hiver serait longue…

* * *

À l’entrée du lac, l’air du large fouetta la figure des deux hommes. Le Survenant cessa de percher et Didace plaça les rames dans les tolets. Il venait d’apercevoir son canot de chasse, avec un homme à l’aviron. Il dirigea droit à lui l’embarcation qu’il colla à côté et ordonna brèvement :

— Débarque ! donne-moi mon canot !

L’autre se défendit :

— C’est-il votre ca-a-a-not ? Ça parle au yâble. Moi qui cherchais partout à-à-à qui c’est qu’il pouvait ben a-a-a-appartenir. Il s’en venait tout seul en flotte sur l’eau. Je l’ai ra-a-a-a-massé tout bonnement.

— Débarque ! donne-moi mon canot !

Venant intervint. On n’allait pas abandonner un homme en plein lac, dans le chenal de la grosse