belle, de reste. Et passée fleur depuis plusieurs étés déjà. Mais travaillante et ménagère, comme il s’en voit rarement. Quand une fille a du bien clair, net, et des qualités par surplus, pourquoi un garçon regarderait-il tant à la beauté ?
— Vous trouvez pas que le père Didace cherche à refouler ?
À la voix de son fils, Provençal sursauta :
— Quiens ! la peau du cœur doit commencer à lui épaissir. Il a beau s’appeler Beauchemin, il vieillit comme tout le monde !
Mais il se ressaisit. Didace et lui étaient du même âge : il venait d’y penser.
— En tout cas, s’il refoule, c’est sûrement pas de vieillesse. Ça doit être l’occupation qui le fait tasser.
En effet il vit Didace, le dos arrondi, remonter le sentier. Après lui, la terre des Beauchemin ne vivrait guère : Amable-Didace, le fils unique, maladif et sans endurance à l’ouvrage, ne serait jamais un vrai cultivateur.
De nouveau Pierre-Côme Provençal songea à ses garçons, Odilon, Augustin, Vincent, Joinville, tous les quatre robustes, vaillants et forts. Et il sourit d’orgueil.
Avant de remettre le cheval au trot, d’un coup de coude entendu il fouailla joyeusement les côtes