Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
131
LE SURVENANT

descendant d’Indien, ainsi que le prétendait Provençal ? Sa complexion de highlander le niait, mais son habileté et diverses caractéristiques l’affirmaient comme tel.

— Qui c’était ton grand-père, Survenant ?

— Mon grand-père ? Je vous l’ai déjà dit : c’était un vieux détourreux comme vous.

Pour en prendre le tour Amable, lui fit recommencer la même opération. À la quatrième fois, Didace s’impatienta :

— Bon gueux ! Amable, que t’as la tête dure ! Ben plus dure que le chat ! Le Survenant va le montrer à Z’Yeux-ronds et tu prendras tes leçons de lui.

Le Survenant reprit :

— Il faut qu’un homme le fasse par exprès pour être gauche de ses mains. Regarde donc autour de toi, Amable. Tous les êtres ont quelque chose que t’as pas et ils savent s’en servir. Z’Yeux-ronds peut courir à toutes jambes, une nuit de temps quand il mouille, sans se cogner sur rien, mais il n’a pas de mains. Toi, tes mains ont un nez et des yeux de chien, et tu sais pas seulement t’en servir. Penses-tu que Z’Yeux-ronds irait quérir les vaches dans la brume, s’il agissait comme t’agis avec tes mains ?

* * *

Une grisaille sans fin s’étendit sur les champs. Les hommes plus lents à se mouvoir, on eût dit, en