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LE SURVENANT

Jacob Salvail n’enfla pas même la voix. Pour toute réprimande il remarqua tranquillement. : « Si tu voulais des confitures, Tit-gars, t’avais qu’à le dire. Pas besoin de sauter dedans à pieds joints. »

Durant le court répit entre le repas et les amusements de la veillée, les jeunes filles montèrent dans la chambre de Bernadette. Tout en refrisant leurs cheveux, elles se consultèrent : Jouerait-on d’abord à la chaise honteuse ? À cache, cache, la belle bergère ? À mesurer du ruban, aux devinettes, ou à l’assiette ? tel que le souhaitait vivement la maîtresse d’école qui excellait à recueillir des gages et à inventer des pénitences.

Catherine Provençal savait plusieurs chansons. Elle proposa :

— Si l’on chantait plutôt. On aura assez chaud à danser tantôt, sans commencer par des jeux, il me semble.

— À votre aise, consentit Bernadette qui avait déjà arrêté son plan. C’est vrai que ça prendra pas goût de tinette pour qu’on danse. Quoi c’est que t’en penses, Marie ?

Marie Provençal tressauta. Le dos tourné aux autres, dans la ruelle, entre le lit et le mur, elle venait de tirer de son bas de cachemire un morceau de papier de soie rouge, et, de son doigt mouillé, s’en fardait légèrement les joues.

Rose-de-Lima Bibeau se mit à chanter :