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LE SURVENANT

Après qu’il en eut avalé suffisamment, l’étranger consentit à dire :

— C’est un bon thé, mais c’est pas encore un vrai thé de chanquier. Parlez-moi d’un thé assez fort qu’il porte la hache, sans misère !

Ce soir-là, ni le jour suivant qu’il passa au travail en compagnie des autres, l’étranger ne projeta de partir. À la fin de la relevée, Didace finit par lui demander :

— Resteras-tu longtemps avec nous autres ?

— Quoi ! je resterai le temps qu’il faut !

— D’abord, dis-nous qu’est ton nom ? D’où que tu sors ?

— Mon nom ? Vous m’en avez donné un : vous m’avez appelé Venant.

— On t’a pas appelé Venant, corrigea Didace. On a dit : le Survenant.

— Je vous questionne pas, reprit l’étranger. Faites comme moi. J’aime la place. Si vous voulez me donner à coucher, à manger et un tant soit peu de tabac par-dessus le marché, je resterai. Je vous demande rien de plus. Pas même une taule. Je vous servirai d’engagé et appelez-moi comme vous voudrez.

— Ouais… réfléchit tout haut Didace, avant d’acquiescer, à cette saison icitte, il est grandement tard