faisaient bouffer leur corsage et onduler leur jupe ; d’autres s’efforçaient d’aplatir de trop évidentes rondeurs ; d’autres enfin, d’un gauche retroussis, laissaient poindre un bas de jupon dentelé.
Du revers de la main les hommes essuyaient leur moustache avant de donner aux femmes qu’ils n’avaient pas embrassées, la veille, de gros becs sonores qui avaient goût de tabac. Les plus malins trichaient là-dessus. Ils les embrassaient par deux fois. Les femmes protestaient à grands cris, mais après coup seulement.
Les demoiselles Mondor cherchèrent en vain à esquiver les politesses du père Didace.
— Bonne année, Ombéline. Puis un mari à la fin de vos jours !
— Quoi, un mari ? Vous voulez dire le paradis, monsieur Beauchemin ?
— Mais, pauvre demoiselle ! Vous savez ben que l’un va pas sans l’autre !
Bernadette ne tenait pas en place. Apercevant son père qui embrassait l’autre demoiselle Mondor, elle cria à sa mère :
— Venez vite, sa mère !
Madame Salvail, facilement démontée, accourut, les bras inertes comme deux branches mortes, le long de son corps maigre :
— Mon doux ! quoi c’est qu’il y a encore ?