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LE SURVENANT

Les fréquentes tournées le rendaient susceptible ; de plus il commençait à regretter de ne pas avoir attendu Venant, la veille. La bru voulut s’asseoir dans le fauteuil voltaire, mais il la fit se lever :

— Assis-toi pas là. Tu sais à qui c’est que la chaise appartient ? Gardes-y sa place au moins. Personne boit dans ta tasse.

Sur l’heure du midi, le lendemain, la première voiture à revenir au Chenal après la grand-messe ramena le Survenant. Une bosse au front et le côté droit de la figure passablement tuméfié, il ne dit pas un mot. Phonsine gardait seule la maison. En l’apercevant, elle le gronda :

— Oui, sûrement, te v’la ben équipé pour à soir ? Tu sais que Bernadette Salvail donne sa grand-veillée ?

Toutefois elle l’entoura de soins, cherchant à le tenter à prendre un peu de nourriture ou à lui appliquer un morceau de viande crue sur l’œil. Il refusa tout.

— Ah ! neveurmagne !

Alors elle se hâta de le faire coucher avant l’arrivée des autres.

— Tâche de te renipper pour à soir, Survenant !

* * *