— Bonne année, mon Côme !
— Toi pareillement, Didace !
Mathilde Beauchemin avait la bataille en horreur. En apprenant la chose, elle dit :
— J’ai jamais vu deux hommes si ben s’accorder pour se battre et si peu pour s’entendre.
Après quinze ans, au jour de l’an, elle faisait encore à son mari la recommandation que Marie-Amanda, à son exemple, trouva naturel de répéter.
Les visites et les tournées de petits verres s’échangèrent jusqu’au soir, à intervalles de plus en plus espacés et par rasades de moins en moins fortes. Sur la fin de la journée, Bernadette Salvail arriva, laconique et mystérieuse à dessein.
— Tu nous caches quelque chose, devina Phonsine.
Après d’inutiles protestations, elle finit par avouer que ses parents donneraient un grand fricot le lendemain soir ; ils attendaient pour l’occasion de la parenté de Pierreville, d’un peu partout, même du nord.
— Tout le monde du Chenal est invité, les demoiselles Mondor avec. Et le Survenant, ben entendu, ajouta-t-elle.
Là-dessus Phonsine s’empressa d’observer :
— Tu parles en pure perte quant à lui : il est disparu du Chenal, peut-être ben pour tout de bon.
— Avance donc pas des chimères semblables, lui reprocha le père Didace.