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PASSAGE DE L’HOMME

première, s’abattit sur nous, et l’Homme, tomba soudain, à quelques pas du seuil, avec, sa lanterne. Et de nouveau ce fut une galopade, mais sans cris et sans rires cette fois, et un grand silence.

L’Homme se releva, et dans la lumière d’une lanterne que la Mère avait allumée, il revint vers nous en boitant. Nous crûmes d’abord qu’il s’était donné une entorse, et que ce serait l’affaire de quelques semaines, mais les jours et les jours passèrent sans qu’il pût appuyer sur son pied. Il s’en allait, de-ci de-là dans la maison, touchant les murs, ou sautillant d’un meuble à l’autre, et le Père fit venir le médecin. C’était un vieil homme, qui ne savait plus grand’chose, mais qui était bon. Dès qu’il était là, qu’il vous regardait, qu’il vous touchait de sa main aux doigts longs, on se sentait comme rassuré. Il dit à l’Homme que ce serait long. Il fallait attendre, prendre patience. Ne pas bouger. La chose se réparerait d’elle-même.

L’Homme demeura allongé pendant deux mois ; ou, tout au moins, pendant ces deux mois, il ne put que se déplacer dans la maison ; et c’est alors qu’il fit toutes ces belles choses que vous savez. Et ça n’étaient pas seulement de belles choses, mais c’étaient encore des choses nouvelles, comme on n’en