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PASSAGE DE L’HOMME

En même temps la porte s’ouvrit, et Marie la Carrière apparut, et l’idiot, et d’autres encore. Et ils criaient : « L’Homme ! l’Homme ! » et ils se turent parce que l’Homme était allongé et qu’à le voir si immobile, on ne pouvait douter qu’il fût mort.

C’est Marie la Carrière qui parla la première. Elle dit : « Nous savions qu’il était revenu. Il avait demandé son chemin à un enfant, il y a trois jours. L’enfant nous a dit :

« Il était grand et il parlait doucement, doucement, comme personne ne parle par ici ». Alors, j’ai su que c’était l’Homme ».

Elle s’approcha, et son visage s’illumina :

« Il a sûrement trouvé les Iles ! Est-ce qu’il t’a dit ? » Je répondis, sans bien savoir d’avance les mots : « Il a trouvé, et c’est ce soir seulement qu’il devait me dire le chemin. Et demain il devait nous parler dans la vieille église, et voilà qu’il est mort et nous ne saurons rien… — Et Claire ? dit encore Marie la Carrière. — Morte, et cet enfant, aussi, qu’ils avaient eu. — Un saint, dit Marie la Carrière, un homme que Dieu nous avait Dieu a permis qu’il mourût avant de parler, c’est que Dieu avait ses raisons : les Iles, il faut avoir un cœur pur pour aller aux Iles. Nous autres… —