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PASSAGE DE L’HOMME

tout ce monde n’est qu’apparence ; que quelqu’un s’en vienne dire cela, qui donc ne croira pas en lui ? Et lui, Geneviève, qui se mire dans les yeux de tous ceux-là qui croient, doutant d’abord, peut-être un peu, comment ne se croirait-il pas ? Et à la mort, parfois, il se retrouve : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Il s’exaltait. Sa voix montait et emplissait la petite pièce, il s’arrêta soudain, comme étonné, et il sourit, et il ajouta d’une voix lasse : « Mais ne soyons pas davantage, après avoir été les fous de Dieu, ne soyons pas les fous du Diable ! Ni ce oui qui n’est qu’un grand oui, ni ce non qui n’est qu’un grand non… Attendre et garder les yeux bien ouverts… »

Je lui parlai de notre vie dans le village. Je lui racontai l’incendie, la mort de la Mère, la Maladie, et cette terreur qui nous avait saisis. Je lui dis l’histoire du Chaoul, toutes les histoires… « Cela, tout de même… » L’Homme ne répondit pas ; il haussa seulement les épaules.

« — Et maintenant, qu’est-ce que nous allons faire ?

— Rien d’autre à faire que dire la vérité.

— Dieu est-il mort ?

— Notre Dieu est mort certainement, et