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PASSAGE DE L’HOMME

possibles bientôt les voyages dans d’autres planètes ! » Là-dessus l’inspecteur, après avoir paru hésiter, se dirigea vers le tableau noir, et y fit des dessins compliqués, avec des lettres. Il se retournait de temps en temps vers nous, préoccupé, à ce qu’on eût dit, d’être compris, et bien compris, mais, à ce que je crois, très désireux surtout de jouir de notre ébahissement. Il souffla sur ses manches la poussière de la craie, secoua ses doigts d’un geste distingué, et demanda : « Si quelqu’un désirait des éclaircissements… » Personne ne répondit. L’Idiot souriait toujours. « Enfin, continua l’inspecteur, il serait bon que vous eussiez ici un Maître d’école, quelqu’un de jeune, quelqu’un de distingué. À moins que vous ne préfériez une jeune fille… Peut-être… » Il sembla un moment embarrassé devant notre parfaite indifférence et il demanda brusquement : « Qu’en pensez-vous ? »

On se regarda. Marie la Carrière n’était pas là, et c’est moi qui répondis à l’inspecteur : il ne semblait pas qu’il y eût d’enthousiasme. On en était à un moment d’attente… On espérait que l’Homme allait revenir. Alors, peut-être, on verrait plus clair… l’idiot se mit à répéter d’une voix sonore et solennelle, et qui imitait assez bien celle de l’Ins-