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PASSAGE DE L’HOMME

Faut-il avoir fait des études en ville, des années durant, pour avoir si peu de choses à dire ! Naturellement, Monsieur l’inspecteur terminait ses phrases, et écouter, sans rien comprendre à ses paroles, rien que cela était un grand plaisir. Il nous rappela d’abord l’instituteur défunt ; du moins il voulut nous le rappeler, mais il nous en parla de telle façon avec des mots si vides et si pompeux que personne ne le reconnut. « Maître d’élite… bon serviteur… » le vieux bonhomme que nous avions connu, qui nous avait appris à lire, qui radotait, comme vous savez, aux derniers temps, se promenait maintenant dans des vêtements d’emprunt et devait s’étonner lui-même d’être pareillement affublé.

C’est à peine si l’inspecteur parla de l’Homme, et des misères qui suivirent son départ : ce qui était passé était passé. Seul l’avenir nous importait, et le progrès. Et le progrès, c’était que chacun pût lire beaucoup de livres : il y avait tant de choses à savoir, tant de choses que nous ignorions ! « Quand je pense que vous ne connaissez rien, ou à peu près rien, de cette guerre qui vient de finir, ni des merveilleuses conséquences de la paix pour le monde entier !… Et je suis sûr (il prit un temps), je suis sûr que vous n’êtes même pas au courant de ces recherches qui rendront