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PASSAGE DE L’HOMME

cendit pour nous voir. C’était un dimanche après-midi ; en juillet, si je me rappelle bien. Le Curé des Collines passa dans le village, il alla d’une maison à l’autre — nous n’étions plus alors qu’une cinquantaine à vivre là — et demanda qu’on voulût bien venir, d’ici une heure, au presbytère, « à ce qui reste, n’est-ce pas, pour le moment, du presbytère ».

Tout le village s’y rassembla. Nous étions assis dans le jardin, parmi les herbes. Le Curé des Collines avait pris place devant la vieille tonnelle, sur une chaise garnie de velours rouge, qui servait autrefois à Monseigneur l’Évêque quand il venait pour les confirmations. Le Curé des Collines fut très aimable. Il était vieux. Il avait longtemps vécu dans les villes, à enseigner. Il savait parler. Il nous demanda de bien vouloir l’aider à rebâtir l’église, « et aussi, n’est-ce pas, mes amis, le presbytère ? » Quand il eut fini son petit discours, il s’épongea le front, et attendit. Il souriait, et un peu sottement, comme embarrassé du silence. Nous nous regardions les unes les autres. Ce fut Marie la Carrière, vous vous rappelez, celle qu’ils avaient laissée inanimée, devant la porte, et qui, plus tard, nous avait averties du feu, ce fut Marie la Carrière qui parla. Ce n’était plus la pauvre fille éperdue d’autrefois,