Page:Grout - Passage de l'homme, 1943.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.
146
PASSAGE DE L’HOMME

d’encens. Et, voyez, il n’en reste rien. Qu’un peu de poussière.

C’était l’Homme, cette fois, qui écrivait. Et il disait :

« Depuis que Claire a écrit, nous sommes en route vers un autre pays. De là, sûrement, nous gagnerons les Iles. Jusqu’à présent nous ne savions guère où nous allions, mais, cette fois, tout est bien précis : j’ai rencontré ici un très vieil homme, venu des mêmes pays que nous. Lui aussi s’en allait aux Iles. Il a perdu, dans sa recherche, beaucoup plus de temps que nous encore. L’âge l’a surpris. Il attendait, dit-il, notre venue. Il savait que quelqu’un continuerait. « Et vous êtes deux, nous a-t-il dit, bien accordés, tout jeunes encore ; je suis bien sûr que vous trouverez. Je me suis pressé de partir, quand j’étais jeune. Peut-être eût-il fallu attendre que quelqu’un s’en vînt avec moi… Oui, sans doute, il faut être deux… »

« Le vieillard nous a dit tout ce qu’il savait. Il nous a donné de nouvelles cartes. Il nous a appris aussi une nouvelle langue pour ce pays vers quoi nous sommes en route. « Si je ne vous l’apprends pas, personne là-bas ne vous aidera à la comprendre. C’est une langue difficile et fermée ; les gens eux-mêmes, on