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XVI


Le feu ne changea rien à rien. Ce n’était pas seulement les gens qui mouraient, mais les animaux dans les fermes, et des oiseaux parfois aussi jonchaient les chemins. Et il y eut deux ou trois incendies, qu’on crut allumés par l’Idiot. Le printemps vint : un printemps de calendrier, sans vrais beaux jours, avec des gelées soudaines, et de la neige en fin d’avril. En mai, ce furent des averses de grêle. Les fruits coulèrent. Plus personne des villages voisins ne venait à présent chez nous. Du monastère parfois nous descendaient un ou deux frères, pour acheter du miel ou du vin, et qui remontaient en grande hâte. Et les hommes devenaient mauvais. Les pires histoires couraient sur les uns et les autres. Des filles, de toutes jeunes filles, qu’on avait cru très sages, galvaudaient avec les garçons. De petits corps fripés furent jetés dans les mares. Et une grande folie commença, cependant qu’il semblait que les