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PASSAGE DE L’HOMME

lait encore des Chats-Huants, de ce Hibou, aussi, qui venait à la fenêtre cogner du bec, vers les minuit, chaque fois qu’il se mourait quelqu’un.

« Tout ça c’est vrai, et personne ne s’en préoccupe ! On dirait qu’ils ont tous peur. Savez-vous à qui j’en parlais ? C’était à l’homme qui habitait les Hauts, Celui des Hauts, comme on disait. Lui, il écoutait sérieusement. Il tenait compte de ce qu’on lui disait. Je lui avais conseillé sa tombe : je sais les coins où on est bien tranquille. Et c’est là qu’on l’a enterré. » Le Fossoyeur regardait encore ses mains, et les sentait, et s’en allait vers le cimetière, où il vivait avec sa sœur.

La vieille Zulma encore était bonne pour nous. C’était elle qui venait laver. C’était une grande femme sèche, qui ne pouvait parler sans crier, et qui était toute pleine d’histoires. Elle ne savait ni lire, ni écrire, mais elle voyait clair en toutes choses, et s’en glorifiait naïvement : « Ah ! (et son « ah ! », qui n’en finissait pas, vous entrait profond dans l’oreille) ah ! c’est qu’on ne lui en remontre pas, à la Zulma ! » Elle buvait un peu. Elle avait eu de grandes misères. Elle comprenait notre misère à nous et parlait librement de l’Homme. « Il était bon. C’est pas à moi