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XIII

Huit jours après, notre maison brûlait. Marie la Carrière était venue la veille : « Méfiez-vous : ils n’ont pas renoncé. Ils disent comme ça qu’il faut purifier l’air, que Dieu attend d’être vengé, que tant qu’ils ne l’auront point fait, le mal restera parmi eux, et qu’ils mourront tous à la fin. Je suis sûre qu’ils brûleront la ferme. Et c’est peut-être pour bientôt. » La Mère lui dit : « Qu’y pouvons-nous ? » Cependant elle ne dormit pas. Au plus profond de la nuit, elle me toucha l’épaule. « Écoute ! » dit-elle. On entendait comme un grésillement d’herbes. Et cela venait du grenier. Le chien hurlait, dressé contre la porte. Quelqu’un frappa, d’un coup violent, à la fenêtre : « Le Feu ! Le Feu ! » Nous reconnûmes la voix de Marie la Carrière et nous ouvrîmes la porte en hâte, juste au moment où, portée par le vent, une grande flamme s’élevait du toit.

Marie la Carrière était partie, et, du village,