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d’abord la loyauté d’entourer cette action de toutes les conditions de la puissance. »

La foi nous révèle des réalités pathétiques que nous ne pouvons négliger. Il faut, comme l’on dit aujourd’hui, une mystique à notre action. Elle ne doit pas être une simple application positive et extérieure, un pur déploiement d’activité mécanique. Elle doit procéder d’un psychisme intérieur puissant. Elle doit prendre son appui dans une doctrine de vérité et de charité qui lui communique avec de la flamme et de la constance, la plus grande mesure de l’efficacité.

Et c’est à tenir compte de cette mystique profonde et féconde que Dollard exhorterait aujourd’hui les volontaires du sacrifice. « À son terme, dirait-il, l’héroïsme français s’achève dans la sainteté française. » Et notre catholicisme serait nul s’il ne substituait en nous, selon le mot profond de Georges Dumesnil, « à une façon de penser, une façon d’être. »

Réfléchissons un instant au jeu des forces où nous sommes mêlés. Il y a le monde que nous voyons, les forces qui agissent sous nos yeux, que nous pouvons déclencher, dont la puissance peut être supputée. Mais il y a aussi le monde que nous ne voyons pas, les forces existantes, mais cachées dans l’atmosphère supérieure. Et ces deux dynamismes de l’un et l’autre mondes s’associent et se mêlent constamment, mais sous le gouvernement de celui d’en haut qui résume en lui les fins suprêmes. « Par une grâce unique, disait le bon Joseph Lotte, nous autres hommes, nous nous trouvons au point l’esprit recoupe la matière, au point d’intersection de l’immortel et du mortel. » Et notre honneur et notre incroyable puissance, c’est d’intervenir dans le dynamisme supérieur. Là même réside toute notre puissance. Puisque Dieu est la cause universelle et première, l’homme ne vaut que par ce qu’il peut obtenir d’action divine. En d’autres termes, ce n’est pas notre agitation d’un moment, notre petit effort humain qui peut de grandes choses, mais ce qui y entre de la coopération de Dieu. Et pour obtenir cette action divine, en faveur de son pays, par exemple, le patriote catholique peut même, s’il le veut, faire intervenir la communion de l’Église triomphante où résident