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François de laval

vêque ramènera à un centre unique ces paroisses dirigées tout d’abord par des prêtres missionnaires qu’il garde autour de lui comme un collège d’apôtres. L’on peut dire que nos ancêtres se sentirent les fils d’une même Église avant de se sentir les sujets d’un même État, et c’est le lien de la foi qui fut le premier lien de la race.

Tout de suite les besognes se trouvèrent nettement partagées : aux religieux les missions lointaines, aux prêtres séculiers le ministère des paroisses. Ce clergé séculier, l’évêque lui crée, par la dîme, ses moyens de subsistance ; pour en assurer le recrutement il a fondé son grand et son petit séminaires de Québec ; pour le soutien de ces maisons il a acquis avec prévoyance seigneuries et biens-fonds. Mais le petit séminaire, ce n’était, avec le collège des Jésuites, que des maisons d’enseignement secondaire. L’esprit créateur et pratique de l’évêque établit à la « Grande ferme » de Saint-Joachim, une école moyenne des arts et des métiers où l’on formait particulièrement à l’agriculture ; avec le temps un maître fut ajouté à Saint-Joachim pour enseigner à quelques jeunes gens, « un commencement d’humanités afin qu’ils devinssent propres à être maîtres d’écoles ». De la sorte se trouvait parachevé notre système d’instruction publique ; et c’était l’œuvre entière de cette incomparable organisation qu’est l’Église. L’évêque qui venait d’établir canoniquement l’institut de Marguerite Bourgeoys, pouvait désormais se promettre de placer au centre de tous les groupes de colons, un clocher ; auprès de chaque clocher, un curé ou un missionnaire ; auprès de chaque curé ou missionnaire un auxiliaire religieux ou laïc : la bonne Sœur enseignante, le maître d’école, le jeune agronome. Ainsi chaque petite pa-