Page:Groulx - Notre maître, le passé, 1924.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 8 —

Les œuvres constructives n’ont pas manqué chez nous ; elles n’ont pas donné toutes leurs promesses ; des œuvres vitales ne sont pas sorties du rêve parce que les vues générales leur ont trop manqué. Notre histoire est pleine de dévouements isolés ; elle connaît moins les efforts collectifs, concertés, coordonnés par une vue supérieure. Des classes entières ont séparé leur action du service patriotique : nos « professionnels » s’enferment dans la profession ; nos hommes d’affaires, nos commerçants reconnaissent à peine le devoir de l’argent ; nos ouvriers pactisent encore avec l’étranger ; nos cultivateurs passent nos frontières comme si la patrie n’était plus rien.

C’est ce désordre qui doit cesser. Nous avons une doctrine qui nous enseigne la hiérarchie naturelle des valeurs, l’ordre transcendant selon lequel les nations se doivent constituer pour vivre et prospérer. La jeunesse devra s’éclairer à cette doctrine pour apprendre où porter son effort, pour fournir les lumineuses directives ; elle devra de même trouver parmi elle les hommes qui savent entraîner derrière eux, qui, autour des constructions prochaines, sauront susciter un labeur unanime, une vraie collaboration nationale. Le sauveur de demain, s’il doit se lever, sera l’homme de foi et de génie qui aura embrassé dans la vue la plus large et la plus cohérente, l’ensemble de nos problèmes, qui voudra mettre à les résoudre le sacrifice magnanime de sa vie et n’empruntera qu’à ce noble emploi de ses facultés, son magnétisme de chef.

Munie de hautes lumières, la jeunesse n’aura plus besoin que d’un peu de fierté pour stimuler