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Un Concours D’histoire

Et Paul avec brusquerie :

« En tout cas, mademoiselle, François Hertel n’était pas derrière un fort, avec du canon. »…


C’était au tour de Thérèse. Elle commença très simplement, presque sur le ton négligé, en ajustant la boucle noire de ses cheveux, comme si elle dédaignait ce concours et cet adversaire.

« Il faut savoir d’abord, appuya-t-elle, que Madeleine était une petite fille et qu’une petite fille n’est pas un petit garçon. Elle aussi s’était éloignée de la maison, un beau manoir, souligne Thérèse, qui veut faire observer en passant la noblesse de l’héroïne. Mais au moins elle fut plus fine que M. Hertel et quand elle vit les Iroquois, elle prit sa course et elle qui n’était pas un petit garçon, courut si fort que les Iroquois ne purent pas l’attraper. Non, mon beau monsieur, on ne put pas la rejoindre. Un de ces grands diables essaya bien de la saisir par le bout du mouchoir qu’elle portait au cou. Mais, bernicle ! pas si sotte que cela, la petite Madeleine. En un tour de doigts elle détacha le mouchoir et M. l’Iroquois restait avec ce beau chiffon au bout de la main, pendant que Madeleine passait la porte du fort et la verrouillait derrière elle. Un, deux, trois, ce fut fait. Et les Iroquois se butèrent le nez sur la pierre. Là, dans ce grand manoir, monsieur, elle n’avait que ses petits frères pour l’aider ».

— « Elle s’est fait aider par ses petits frères ? » interrogea Paul qui ne manquait pas son tour de lancer des grenades.

— « Ces grands Iroquois étaient bien quarante. N’importe. Madeleine appelle ses petits frères et elle leur dit — écoutez bien, monsieur Paul, vous allez voir ! c’est bien aussi beau que votre lettre