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Notre Maître, Le Passé

et de ses compagnons. Ils sont une de nos plus grandes fiertés. Il y a huit ans nos jeunes gens ont voulu se ressouvenir et ils ont préparé du bronze pour leurs glorieux frères de 1660. Mais lequel d’entre nous est allé revoir le théâtre du combat ? Quel père ou quelle mère de race française, en quête de leçons de dévouement pour leurs fils, ont pensé à les conduire en pèlerinage au pays de Dollard ? Quel est le jeune homme d’aspirations inquiètes qui ait choisi d’aller ajuster ses rêves d’action dans le décor épique du Long-Sault ? À peine, de temps à autre, un pèlerin inconnu, un curieux d’histoire a-t-il passé discrètement à travers le petit village de Carillon, au grand ébahissement des villageois, y cherchant le site de la légende. Souvent, dans la saison d’été, Carillon a été le terminus d’excursions de tous genres. L’emplacement du fortin historique est, semble-t-il, à quelques centaines de pas du quai d’arrivage. Et, je vous le demande, quel excursionniste s’est souvenu de l’histoire et a levé les yeux vers les collines prochaines ?

À l’Action française nous voulons que cet oubli prenne fin et que soit réparée cette trop longue indifférence. Les puissances de notre passé nous sont devenues trop nécessaires pour les laisser ainsi comme un capital abandonné. Les directeurs de la revue et quelques amis iront faire un premier pèlerinage. Ils eussent souhaité conduire à Carillon des milliers de personnes. Rien qu’une éclatante manifestation pourrait réparer un peu ce coupable oubli de deux siècles. Les misères de ce temps ont commandé aux directeurs de l’Action française de faire moins grand. Ils iront quand même en éclai-