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Notre Maître, Le Passé

Le champ est immense et le butin est magnifique. C’est en votre pays surtout que s’est déployé le rêve de ces quelques milliers de Français qui voulaient étreindre un continent. Là-même, dans les jeunes États que vous habitez, le sol n’est point marqué par les seuls souvenirs des excursions de Portneuf, de François Hertel et de Lemoyne de Sainte-Hélène, excursions plus justifiables, du reste, que ne le pensent quelques-uns. Les historiens n’ont pas recueilli, le long de l’Hudson et dans les plaines de la Nouvelle-Angleterre, les seuls noms de Corlar, de Casco et de Salmon Falls. Écoutez Milbert qui écrit dans son Itinéraire pittoresque du fleuve Hudson : « Mon esprit se reportant dans le passé, se plaisait à se rappeler les hauts faits et les travaux inouïs de ces intrépides Canadiens, qui, tandis que ce vaste continent était encore presque entièrement inconnu, le parcouraient cependant dans toutes les directions et, sur une étendue de plus de 1,800 lieues, apprenaient à des milliers de peuplades sauvages à connaître et à respecter avant tous les autres le nom français. En effet, quoique, par une malheureuse insouciance, on paraisse l’avoir oublié, toutes ces immenses contrées qui s’étendent depuis le Labrador et la baie d’Hudson jusqu’au Golfe du Mexique, furent jadis reconnues, visitées, parcourues dans tous les sens par ces infatigables Canadiens que la tradition nous peint audacieux conquérants sans généraux et sans armée, navigateurs intrépides sans marine, commerçants sans richesse et savants géographes sans compas ».

Si vous portez les yeux un peu plus loin, autour des lacs où notre vieux Richelieu vient prendre ses sources, cette fois c’est en quelque