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Notre Maître, Le Passé

Si Dieu est le grand personnage de l’histoire humaine, ce peuple-là n’amasse-t-il point des gages d’avenir qui se fait le collaborateur des œuvres divines ?


Voilà bien ce que nous devons au catholicisme. Pour apercevoir ce rôle immense, il faudrait comprendre ce que cela vaut à un peuple d’avoir trouvé, dans son berceau, comme un cadeau de naissance, la foi catholique, c’est-à-dire cette lumière allumée devant les hommes pour éclairer les réalités divines et qui, par cela même, projette le plus de clarté sur les réalités humaines. La foi catholique, cela veut dire, pour un peuple, la vérité domestique, la vérité politique mises hors de question ; cela veut dire, dans un pays, la salubrité intellectuelle, la préservation des aventures doctrinales qui se paient en reculs quand ce n’est pas en catastrophes. La foi catholique, cela veut dire aussi la morale qui atteint le plus profondément chaque individu d’une nation, qui fournit à la volonté humaine le plus haut idéal de vertu et les moyens les plus efficaces de l’atteindre. D’avoir été un peuple qui priait et allait à la messe, qui se confessait et communiait, qui pratiquait le culte des saints, héros supérieurs de l’humanité, qui pourrait dire ce que notre histoire a gagné, par cela seul, en force et en beauté ?

Ce n’est pas assez de dire du catholicisme qu’il fut l’arc-boutant de notre race ; il en est l’armature, l’âme indéfectible qui soutient tout. Si quelque raison pouvait ajouter à la grandeur de ce rôle, ce serait la constance avec laquelle il a été tenu. Depuis le jour où l’Église suspendait la croix au portique de notre histoire, qui oserait marquer une défaillance, une interruption dans