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Conclusion

défendus jadis contre les assimilateurs. Et le régime d’enseignement public qu’elle fera prévaloir, s’il n’est point sans infirmités, n’en a que d’imputables à l’ambition de l’État.

À ce moment, sa fécondité magnifique ajoute au droit de l’Église de parler haut. Pendant que les écoles naissent sur tous les points, au milieu d’un peuple trop pauvre pour les soutenir de ses seuls deniers, l’Église met au plus bas prix le coût de l’enseignement. Elle fait venir de France des communautés enseignantes ; elle en crée un bon nombre sur place. En peu d’années, ces grandes familles spirituelles assument la plus lourde part du fardeau et donnent à nos écoles un haut caractère moral.

L’Église fait de même pour le service de la charité. En même temps qu’elle le met au plus bas prix, elle s’efforce de lui maintenir son auréole surnaturelle. Communautés étrangères et communautés canadiennes se vouent au soulagement de toutes les misères. Et c’est, au milieu de nous, une floraison d’œuvres qui représentent pour l’État d’incalculables économies et font l’étonnement de l’étranger.

La fécondité sera telle que l’Église prélèvera sur cette richesse pour prêter aux autres. Du surplus de ses vocations et quelquefois de son nécessaire, elle organisera la vie religieuse de toutes les provinces canadiennes ; elle suivra jusqu’aux États-Unis nos frères exilés ; elle dépassera même ces vastes champs ; et la voici en train d’accomplir dans les pays de missions une œuvre apostolique sans parallèle. Rôle sublime qui n’établit pas seulement devant le monde la qualité morale de notre peuple, mais qui ajoute à la majesté de notre histoire et accroît peut-être nos chances de survie.